Le parc de la Maison Radieuse
Soleil – Espace – Verdure
Quand se construit la Maison Radieuse, ces trois éléments constitutifs de l’architecture et de la pensée urbaine de Le Corbusier sont partout. De fait, La Maison Radieuse est construite « en pleine campagne ». Le problème des habitants est plus celui de l’éloignement de la ville, des services, des commerces et des équipements de loisir. La question de la nature ne se pose pas encore.
Pour autant, les 3 ha du parc d’origine seront très vite agrandis par l’acquisition d’un champ mitoyen, comme par clairvoyance de ce que Rezé, aux portes de Nantes pouvait advenir.
Soixante ans après la construction de l’Unité d’Habitation, la problématique s’est en effet inversée, la ville est arrivée au pied de la Maison Radieuse, toujours plus dense, et les conditions de « verdure » si importante pour Le Corbusier ne seront bientôt plus garanties que par le parc, consubstantiel de l’Unité d’Habitation.
Les écrits de Le Corbusier dans Vers une architecture et Urbanisme (en 1923 et 1924 ) sonnent étrangement d’actualité en ce début de XXIème siècle : « les villes actuelles augmentent leur densité aux dépens des plantations qui sont le poumon de la ville… » . Il décrit ainsi la ville radieuse : « Au pied des tours se déroulent les parcs ; la verdure s’étend sur toute la ville. »… « il faut planter des arbres ! (…) l’arbre, en tout état de cause, s’offre pour notre bien-être physique et spirituel. Il peut appartenir au nouvel esprit d’architecture, à l’urbanisme imminent, de satisfaire aux plus reculées des fonctions humaines, en verdissant le paysage urbain et en mêlant à notre labeur la nature ; voilà notre esprit rassuré (…) Le phénomène gigantesque de la grande ville se développera dans les verdures joyeuses. »
Ces prophéties de la ville radieuse, Le Corbusier n’a pu vraiment les mettre en œuvre qu’à Chandigarh et, plus modestement avec les 5 Unités d’Habitation.
Le parc de la Maison Radieuse est aujourd’hui classé zone naturelle au règlement d’urbanisme et en partie zone boisée classée. Il est aussi répertorié comme refuge LPO. Il fait l’objet d’un suivi sanitaire régulier et la question de son évolution au regard des changements climatiques se pose dès aujourd’hui s’agissant de remplacer les arbres malades. Le parc compte aujourd’hui 212 arbres remarquables recensés en 2017. On y trouve épicéas, marronniers, cèdres, chênes de différentes espèces, charmes, pins noirs, acacias, saules pleureurs, platanes, pins laricio, cyprès et cyprès chauves, trembles, érables, pins insignes, catalpas, frênes, bouleaux, tilleuls, prunus, merisiers, arbres de Judée, saules marsaults, sureaux, ormes, Douglas, séquoia géant, noyers, auxquels est venu s’ajouter plus récemment un verger de pommiers, poiriers, pruniers et cerisiers. Ce patrimoine fait l’objet d’un suivi sanitaire et d’un entretien régulier et de nouvelles plantations sont envisagées en prenant compte les évolutions du climat pour assurer la santé et la pérennité des arbres.
La prairie fait quant à elle l’objet d’une gestion différenciée visant à assurer un équilibre entre les usages qu’en ont les habitants et la protection de la biodiversité. Ainsi le parc propose aux habitants les conditions de verdure espérées par Le Corbusier.
Les habitants continuent aujourd’hui encore d’agrandir le parc et de l’entretenir. De nouveaux usages sont aussi questionnés pour que se tissent entre l’Unité d’Habitation et cet environnement naturel une relation toujours plus riche et joyeuse.