La cellule

La Maison Radieuse compte 294 appartements adaptés dans leur plan de l’Unité d’Habitation de Marseille et dont la genèse remonte au projet de maison Citroan conçue en 1922. La salle à manger-salon en double hauteur, prolongée par une terrasse et les chambres à l’étage sont réinterprétés aux conditions d’un immeuble d’habitation collectif mais les principes d’aménagement restent les mêmes. Réadaptée patiemment de projet en projet, cette cellule initiale trouve son aboutissement avec l’Unité d’Habitation de Marseille notamment avec l’apport de la cuisine-bar et l’invention de l’emboîtement des duplex montants et descendants de part et d’autre des rues de distribution (pour la première fois dessiné en 1922 pour le projet d’immeuble villa).

À Rezé, pour des raisons d’économie, la double hauteur du salon et la chambre en mezzanine ont été supprimées mais on les retrouvera dans les Unités d’Habitation suivantes de Briey et de Firminy. Le principe des logements montants et descendants, traversant pour la plupart est conservé, ainsi que la conception en longueur de façade à façade. La largeur est fixée depuis Marseille à 3,66m, aux dimensions de Modulor mais la longueur est réduite à 19,03 m avec les loggias.

Les 294 appartements sont étudiés sur la base de 3 cellules standard dont plusieurs combinaisons donnent des types variés de logis.
La première cellule comprend l’entrée de l’appartement, depuis le couloir d’accès, la cuisine et la salle commune.
La deuxième cellule comprend la chambre des parents, la salle d’eau et le W.C.
Enfin, la troisième cellule comprend deux chambres d’enfants.

À partir de ces trois cellules, les appartements se déclinent comme suit :

Les appartements du type « B » ne comportent qu’une cellule et sont des appartements pour célibataires, ou couples sans enfant. Ces appartements sont au nombre de 29.

Les appartements du type « C » comportent des combinaisons de la cellule salle commune et de la cellule chambre des parents. Ce sont des appartements pour couples sans enfants ou avec un enfant. Ces appartements sont au nombre de 46.

Les appartements de type « D » sont formés par des combinaisons entre les cellules salle commune et chambres de parents, auxquelles on ajoute une demie cellule chambre d’enfants, soit une seule chambre d’enfants. Ce sont donc des appartements pour famille d’un ou deux enfants. Ces appartements sont au nombre de 15.

Ce descriptif est issu du descriptif général de 1953 adressé par l’atelier Le Corbusier à la Maison Familiale dont la page 4 du document est manquante, et avec, de la description des types « E », à « G ». Ceux-ci sont de types identiques à l’appartement de type D avec 2, 3 et 4 chambres enfants.

Chaque logement bénéficie d’une loggia au minimum, la plupart de deux, orientées Est et Ouest et quelques uns en ont même trois. La rationalité de la conception autorise une conception minutieuse des espaces et des mobiliers dans tous les détails car, hormis les studios, tous les autres logements sont composés des mêmes éléments.

Ce qui pourrait sembler être un systématisme permet au contraire une grande diversité de logements puisque 14 déclinaisons différentes coexistent et bien plus si l’on compte les types montants et descendants, la position des entrées et des escaliers, à droite ou à gauche et la polychromie des loggias et des portes palières. De fait, aucun habitant n’a l’impression d’habiter dans le même logement que celui de son voisin.

Le type le plus courant, le T4 s’organise en trois espaces : l’espace de la famille au niveau de l’entrée et, à l’étage, l’espaces des parents, avec accès direct à la salle d’eau et, à l’opposé, chacun étant ainsi « chez soi », l’espace des enfants constitué de deux chambres pouvant être réunies en ouvrant un large tableau coulissant. Le bloc sanitaire se trouve en partie centrale, dans la zone la moins éclairée. Selon qu’ils sont montants ou descendants, les loggias viennent en prolongement du salon – salle à manger, de la chambre des parents ou de la chambres des enfants.

Le jeu de polychromie puriste qui caractérise les logements de l’unité marseillaise n’est pas reconduit à Rezé. Les murs de béton cellulaire sont uniformément peints en blanc. Les qualités des aménagements intérieurs s’expriment par le contraste entre la rugosité des parois de béton et la préciosité des cloisonnements et des portes en panneaux de contreplaqué. La polychromie reste présente avec la peinture des escaliers et des portes « style cabine » des sanitaires.

L’importance que Le Corbusier accordait au foyer « cellule fondamentale de la société » s’exprime par une multitude de détails et d’attentions particulières portées aux différents membres de la famille et au choix de techniques d’avant-garde pour les années 50 : isolation phonique, double vitrage, chauffage central par le sol, ventilation mécanique ou la douche à l’italienne. Les escaliers, les poignées en bois, les loquets des pans de verre, les meubles des cuisines, spécialement dessinés manifestent du soin apporté par l’atelier Le Corbusier à la réalisation des logements.

Si les logements sont isolés des rues par des sas d’entrées, ils communiquent également directement avec celles-ci au moyen de caissons de livraison qui ont été utilisés jusqu’à l’arrivée des réfrigérateurs et des grandes surfaces dans les années 60.

Le logement 601, appartement témoin situé à la 6ème rue, permet aux visiteurs de découvrir les qualités particulières d’un type 4 dans sont état d’origine.

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