La ville radieuse
Les Unités d’Habitation sont les uniques fragments existants du projet de ville verte théorisé par Le Corbusier en 1930.
À elles seules, elles disent cependant peu de ce qu’aurait pu être une Ville Radieuse. Seule la perception d’une Unité d’Habitation depuis les espaces verts qui les environnent permet de s’imaginer ce qu’aurait pu être un quartier d’Unités d’Habitation et par là, une Ville Radieuse.
À Rezé, il faut prendre de la distance, s’enfoncer dans le parc pour percevoir la vrai dimension du projet urbain, l’indissociable rapport entre l’étendu de nature et l’émergence, au-dessus des frondaisons, des derniers niveaux de la Maison Radieuse.
Dans le projet de Ville Radieuse, l’école aurait été dans le parc et non pas sur le toit de l’unité et aurait été commune à plusieurs unités. Pas seulement une école maternelle mais groupe scolaire complet. Au lieu d’un plateau de jeu, se serait trouvés de véritables équipements sportifs, terrain de football, de tennis, etc. ainsi que des équipements publics comme autour de l’Unité d’Habitation de Firminy.
Les autres unités, distantes de 300 m ne seraient pas visibles depuis le sol, masquée par les arbres.
La circulation automobile se percevrait de façon éloignée, étouffée, comme se perçoit aujourd’hui la route de Pornic, distante environ de 700 m. Les avions survoleraient la Ville Radieuse, réminiscence de ses toutes premières représentations.
Imaginée depuis le parc de la Maison Radieuse, la Ville Radieuse pourrait encore constituer un avenir urbain possible une réponse encore pertinente aux problématiques de la ville vis-à-vis des enjeux climatiques. Une ville verte favorable à la biodiversité, une ville apaisée. Sans doute faudrait-il inverser le processus de conception, partir de ce qui existe là, du fragment et élargir la ville en extensions « organiques », réinventer ainsi la Ville Radieuse, ne pas l’envisager dans une vision utopiste totalisante, à partir de la planche à dessin mais au contrainte comme un processus patient de renaturalisation, de dédensification / redensification des occupations humaines. une ville radieuse qui ne serait pas La ville nouvelle devant remplacer l’ancienne mais une ville en transformation.
Peut-être alors que, ce qui a été pensée pour répondre aux maux d’un siècle pourrait être une réponse à ceux du siècle suivant. Une Ville Radieuse reconsidérée à l’aune de l’œuvre tardive de Le Corbusier, des maisons Jaoul, de la chapelle de Ronchamp, de Chandigarh et du cabanon, c’est-à-dire à l’aune d’une pensée où l’idéologie a laissé place à la poésie.
Une ville pour la civilisation écologiste plutôt que pour le machinisme en définitif.