2023 : fin des essais
Restauration de la Maison radieuse
Après des essais préalable aux travaux qui se sont déroulés entre novembre 2022 et avril 2023, et en attente des conclusions de la DRAC, l’entreprise Pierre Noël d’une part et la maîtrise d’œuvre d’autre part (MFI architectes, Sixense Engineering et In-situ) ont livré les résultats obtenus lors de cette phase d’études.
Les essais avaient pour objectif d’appréhender les futurs travaux de restauration de la Maison Radieuse en ce qui concerne :
- Les aspects techniques : plusieurs méthodes ont été utilisées pour définir leur faisabilité, leur qualité, leurs paramètres associés.
- Les aspects financiers : les essais serviront à définir les cadences de travail et les techniques à retenir dans l’évaluation budgétaire des futurs travaux.
- Les aspects esthétiques en vue de la restauration la plus fidèle possible.
Ils ont porté principalement sur les voiles béton pleins (façades Nord, Est et Ouest), les loggias et les pilotis.
Différentes techniques ont été testées pour nettoyer les bétons en fonction de la nature des salissures (encrassement noir ou recouvrement biologique de mousse et lichens) et le type de supports. l’enjeu étant de ne pas perdre les empreintes des bois de coffrage. Seules les techniques les moins agressives ont été essayées. Il résulte que différentes techniques seront à mettre en œuvre comme le nettoyage vapeur, la cryogénie associée à un biocide et le nettoyage à l’eau sous pression avec nettoyant biodégradable.
Pour le décapage des peintures des loggias, le sablage n’était pas possible en raison des nuisances que cette technique occasionnerait pour les habitants et le voisinage. La solution testée et envisagées pour les travaux consiste donc en un décapage chimique et un ponçage pour les brise-soleil.
Les essais ont permis de valider le type, la qualité et le nuancier de peinture qui sera utilisé. Il s’agira de peinture minérale à double liant silicate de potassium / sol de silice en application « tirée » dans le nuancier 1959 de Le Corbusier. Bien que postérieur à la construction de la Maison Radieuse, ce nuancier est en effet très proche des couleurs retrouvées par stratigraphie ainsi que du nuancier de l’appel d’offre de 1953. Il est donc permis de conclure que les couleurs de la Maison radieuse ont été reprises par la suite pour donner lieu au nuancier 59. Seules quelques couleurs atypiques ne faisant pas partie du nuancier devront être retrouvées lors des travaux. Les peintures testés, bien que n’étant pas toute conformes aux couleurs d’origine ont permis d’avoir un aperçu de l’éclat que prendront les loggias après les travaux.
La restauration des remplissages des garde-corps en « claustra » béton a donne lieu à plusieurs essais de réparation, remplacement et protection cathodique. Cinq essais ont été ainsi réalisés :
• remplacement d’un claustra par une pièce neuve coulée sur site
• démolition partielle d’un claustra dégradé, traitement des aciers et reconstruction par coulage en place en béton reformulé
• purge des parties dégradées et restauration sous forme de ragréage
• protection cathodique par courant imposé
• protection cathodique par anodes sacrificielles
S’appuyant sur des analyses en laboratoire et sur une recherche dans les archives du chantier de 1953, la formulation des bétons a cherché à reproduire les caractéristiques chimiques et esthétiques des bétons d’origine. Les coulages ont donné lieu à plusieurs essais pour estomper un aspect neuf et trop lisse sur les premiers essais et arriver à retrouver un aspect proche des claustras d’origine. Bien que les conditions climatiques n’aient pas facilité la maîtrise de la prise du béton, les résultats sont relativement satisfaisants, quelle que soit la technique utilisée. De nouveaux essais seront menées en phase travaux une fois la technique de restauration retenue pour parfaire le rendu.
Les essais de protections cathodiques ont été très soigneusement réalisés par l’entreprise R3S
afin d’intégrer le plus discrètement possible le maillage électrique devant assurer la protection des armatures métalliques. Bien que les conclusions de ces essais soient toujours en attente, ces solutions très impactantes ne devraient pas être retenues pour la suite des travaux.
Des questions, à la fois techniques, économiques et philosophiques restent à trancher concernant cet élément très important du projet de restauration.
Les essais de restauration des pilotis se sont confrontés quant à eux à la grande hétérogénéité des surfaces résultant des coffrages d’origine. Certains coffrages présentent des empreintes de bois très visibles et d’autres non, d’autres encore laissent apparaître des défauts de coulage avec des nids de graviers. Si les essais ont montré qu’il était possible de retrouver une teinte et un veinage similaire aux coffrages d’origine courants, il est par contre difficile de recréer les irrégularités et défauts de coulage. Il conviendra donc sans doute de retenir une à deux solutions de réparation « discrètes » afin de limiter au maximum celles qui resteront inévitablement visibles, sauf à faire du sur mesure, zone par zone.
Le bilan de cette phase d’essais est donc dans l’ensemble satisfaisant et préfigure de futures restaurations respectueuses de l’œuvre de Le Corbusier. Il reste d’ici là plusieurs mois d’études pour confirmer les solutions à retenir et estimer le coût des travaux.
La Maison radieuse remercie les équipes de l’entreprise Pierre Noël pour leur implication dans cette phase d’essais ainsi que la maîtrise d’œuvre pour son suivi.